J'ai vraiment du mal à gérer quelque chose dans la continuité. Plus exactement, j'ai du mal à accepter que, tout en étant sincère, j'écrive des choses qui se contredisent d'un jour sur l'autre. Garder un journal, accepter qui on était tout en laissant une trace de qui on est, c'est vraiment dur quand on a jamais su être cohérente. J'ai très souvent honte.
     J'ai eu besoin d'écrire ces derniers mois mais les mots restaient bloqués. Et les poser ici à côté des autres, qui me paraissent si différents, n'était pas facile. Je déteste me relire et confronter mes sentiments passés à ceux que j'éprouve aujourd'hui : ça me donne l'impression que des convictions profondes, au final, sont du vent; que rien ne me restera jamais fixé. Je ne sais pas comment on peut bâtir un nouvel amour lorsqu'on a l'impression d'avoir toujours menti soit aux autres soit à soi. J'ai détruit tous mes repères; même pas assez pour avoir la liberté extrême de celui qui n'a plus rien à perdre. Je revis, comme une idiote. Tiraillée entre le confort de la vanité et de la facilité à se faire passer aux yeux de beaucoup pour meilleure que je ne suis, et l'honnête humiliation d'accepter que je suis totalement insignifiante.
    J'essaierai de réécrire ici, d'être moins abstraite, d'accepter les mots; c'est comme si je chuchotais à quelqu'un très bas en ayant peur qu'on m'entende, sauf que je parlerais tellement bas que personne ne l'entendrait du tout. En me camouflant derrière des termes trop détournables, je me donne un peu cette impression.

Ca reste dur.